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Labubu : les peluches virales adorées des stars. L’effet « rouge à lèvres » est-il en jeu ?

FI
Filippo Iachello

5 min

Labubu : pourquoi ces peluches font le buzz

Avez-vous déjà remarqué comment certaines tendances deviennent soudainement virales sur les réseaux sociaux ? Eh bien, “Labubu” est la dernière sensation qui attire toute l’attention. 

Ces petites créatures poilues sont rapidement devenues des accessoires incontournables des sacs des célébrités du monde entier, dominant TikTok et attirant les regards lors des grands événements des fashion weeks.

Mais qu’est-ce que les Labubu exactement ? Comment sont-ils passés de simples porte-clés à de véritables symboles de statut ? Et surtout, quel est le lien avec une théorie économique appelée “lipstick effect” ?

L’histoire des Labubu

Pour comprendre pleinement ce que sont les Labubu, il faut commencer par leur origine en tant que peluches conçues à l’origine comme de jolis porte-clés. Ces accessoires peuvent être accrochés à des sacs à dos, des sacs à main, ou partout où l’on souhaite ajouter une touche d’extravagance. Un épisode notable en Italie illustre bien la popularité de ce phénomène. Imaginez : à Milan, sur le Corso Buenos Aires – l’une des principales rues commerçantes – une file d’attente d’un kilomètre s’est formée à l’aube devant le magasin Pop Mart, le géant chinois des jouets à collectionner. Une scène digne du lancement d’un nouvel iPhone ou d’un concert de rock. La raison ? L’arrivée de la nouvelle collection tant attendue de Labubu. Même ceux qui ne les connaissaient pas auparavant ont été intrigués.

Le créateur de ces objets de désir désormais viraux est Kasing Lung, un artiste originaire de Hong Kong. Ces peluches ne sont pas des êtres isolés ; elles font partie d’un univers plus vaste, peuplé de petits monstres appelés “The Monsters“.

Ce qui rend les Labubu particulièrement fascinants sur le plan artistique, c’est leur capacité à mêler deux styles visuels apparemment opposés : d’un côté, les influences orientales de l’artiste, de l’autre, l’imaginaire des contes nordiques européens. Kasing Lung connaît bien cet univers, ayant passé une partie de son enfance en Belgique.

Les premiers modèles de Labubu ont été créés en 2015, mais ce n’est qu’en 2019 que Pop Mart a flairé leur potentiel, en acquérant les droits et en les propulsant vers la gloire mondiale.

Pourquoi tout le monde devient fou des Labubu ?

La montée en popularité des Labubu ne date pas d’hier, mais le véritable tsunami médiatique a un épicentre bien précis : le compte social de Lisa Manoban, rappeuse et chanteuse du groupe K-Pop mondialement célèbre Blackpink. Lisa, qui a aussi brillé dans la dernière saison de The White Lotus, a eu un rôle central dans ce phénomène.

Fin 2024, elle commence à partager sa passion pour ces petites créatures avec ses millions de followers, les exhibant comme des accessoires de mode accrochés à ses sacs de créateurs lors d’événements glamour. L’effet a été immédiat : une vague virale irrésistible, portée par la puissance des réseaux sociaux.

Dès lors, une frénésie collective s’empare du public. D’autres stars internationales comme Dua Lipa, Kim Kardashian, Selena Gomez et Rihanna arborent ces compagnons singuliers, accrochés à leurs sacs à main. Résultat ? Une chasse au Labubu sans précédent, avec une flambée des prix pour les éditions limitées et les modèles rares. Ces peluches deviennent alors de véritables objets de collection et même des investissements lucratifs.

Les Labubu, symptôme d’une récession ?

Passons maintenant à l’aspect économique du phénomène, tout aussi fascinant que son succès médiatique. Et si la folie Labubu était liée à une période d’incertitude économique, voire de récession ? Pour l’expliquer, on peut faire appel à une notion appelée le “lipstick effect”.

Pas besoin d’un diplôme en économie : cette théorie repose sur une observation simple. En période de crise économique, les consommateurs ont tendance à se tourner vers des petits luxes abordables. Lorsque les grandes dépenses deviennent inaccessibles (voiture, maison, etc.), on compense avec des plaisirs accessibles, comme un rouge à lèvres, un parfum… ou un Labubu collector.

Ce concept a été popularisé après les attentats du 11 septembre 2001 et le début de la guerre en Afghanistan. Leonard Lauder, héritier de l’empire Estée Lauder, a noté une hausse des ventes de cosmétiques, en particulier de rouges à lèvres, alors même que le reste du secteur du luxe était en berne. Curieux, non ?

L’idée que de petits plaisirs peuvent améliorer le moral n’est pas nouvelle. On raconte que Winston Churchill, durant la Seconde Guerre mondiale, a volontairement exclu les cosmétiques du rationnement. Ils étaient, selon lui, essentiels pour maintenir le moral de la population, surtout des femmes, face à des temps difficiles.

Pourquoi ces petits achats nous font-ils tant de bien ? Parce qu’ils procurent une satisfaction immédiate et une gratification psychologique à moindre coût. Acheter un rouge à lèvres de marque, un parfum ou un Labubu mignon, ce n’est pas une nécessité, mais c’est une forme d’auto-soin, une façon de se sentir mieux quand tout semble incertain.

C’est ce qu’on appelle la consommation compensatoire : je ne peux pas m’acheter un sac de luxe à 1 000 €, mais je peux y accrocher un Labubu rare, et obtenir ainsi une dose (même réduite) de dopamine et de reconnaissance sociale.

Et bien sûr, les dynamiques sociales entrent en jeu. Posséder un objet à la mode aide à maintenir une image, à renforcer l’estime de soi et à se sentir inclus dans un groupe.

Les données de marché de 2022-2023 confirment ce comportement : selon des entreprises comme Circana, les ventes de produits de beauté et cosmétiques ont augmenté, y compris dans le secteur du luxe, malgré une conjoncture économique difficile.

Les Labubu ne sont donc pas qu’un jouet mignon. Ils symbolisent une version 2.0 du lipstick effect, une réponse moderne aux incertitudes du monde. Ce sont des petits plaisirs de crise, des totems de réconfort dans un contexte troublé.

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