
ESG et durabilité étaient à la mode, mais le vent tourne : que s’est-il passé ?
L’investissement durable selon les critères ESG (Environnemental, Social et Gouvernance) a longtemps été un sujet phare. En 2022, une recherche Google sur « ESG » revenait à plus de 200 millions de résultats. Cette tendance reflétait une époque marquée par la prise de conscience des risques climatiques et par l’adoption de politiques vertes. Cependant, les données récentes révèlent que cette dynamique pourrait s’essouffler. Dans cet article, nous verrons en quoi consistent les investissements ESG et pourquoi leur popularité diminue.
ESG : signification, critères et notations
ESG signifie Environmental, Social, and Governance, et constitue la grille d’analyse pour juger de la durabilité, de la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) et de l’impact éthique d’une entreprise ou d’un investissement. C’est une composante de l’investissement durable ou SRI.
- Critères Environnementaux : gestion des ressources, déchets, pollution et respect des normes.
- Critères Sociaux : conditions de travail, droits humains, relations avec employés, fournisseurs, clients et communautés locales.
- Critères de Gouvernance : transparence, lutte contre la corruption, indépendance des conseils d’administration, protection des minorités, diversité de genre.
Ces critères sont souvent évalués par des agences spécialisées (MSCI ESG Research, Sustainalytics, S&P Global ESG, Moody’s ESG, Standard Ethics) qui attribuent des notations ESG.
ESG et contradictions : scandales et greenwashing
L’investissement ESG est censé combiner le profit avec la conscience écologique et sociale. Hélas, certaines entreprises et fonds ont exploité cette tendance pour améliorer leur image (le fameux greenwashing) sans respecter leurs engagements.
- Dieselgate (2015) : Volkswagen falsifiait les tests d’émissions pour se présenter en entreprise responsable.
- Wirecard (2020) : cette fintech allemande, malgré des notations ESG « moyennes », a fait faillite avec un trou de 1,9 milliard $.
Selon un rapport de l’ESMA, les fonds se revendiquant ESG attirent en moyenne +8,9 % de capitaux la première année, surtout ceux axés sur l’environnement… mais le risque de greenwashing est élevé.
ESG et Trump : « Drill, baby, drill ! » ne font pas bon ménage
En novembre dernier, Donald Trump est redevenu président des États-Unis. Son discours anti-ESG et anti-climat s’est manifesté dès son investiture du 20 janvier, avec la suppression du Green New Deal. Réaction des marchés :
- En T1 2025, les fonds ESG globaux ont subi des sorties record de 8,6 Mds $, contre 18,1 Mds d’entrées au trimestre précédent.
- Aux États-Unis, c’est le 10ᵉ trimestre consécutif de retraits.
- En Europe, premiers retraits nets depuis 2018 avec 1,2 Mds $ d’euros retirés.
=> Pourtant, les fonds ESG gèrent encore plus de 3 000 Mds $ d’actifs.
Les fermetures et renommages de fonds ESG sont massifs : en 2024, 94 fermetures au T4 (351 sur l’année) et 213 renommages européens (dont de nombreux retirant l’ESG).
Un sondage de Stanford montre un désamour des jeunes investisseurs :
- Investissement priorisant l’environnement : 2022 → 44 %, 2024 → 11 %
- Social : 47 % → 10 %, Gouvernance : 46 % → 7 %
Durabilité et Bitcoin : un défi ouvert
Le principal reproche à Bitcoin est sa consommation énergétique liée au minage. Mais un rapport du Cambridge CCAF (avril 2025) indique que 52,4 % de cette énergie provient désormais de sources durables : 23,4 % hydro, 15,4 % éolien, 9,8 % nucléaire.
D’autres initiatives innovantes :
- Salvador : minage via géothermie, solaire, éolien.
- MARA : valorisation du Associated Petroleum Gas (APG) pour alimenter ses centres de minage.
ESG, quel avenir ?
Il n’existe pas de boule de cristal. Faut-il voir ces développements comme le creux de la vague ESG ou comme une phase de réajustement légitime ?
Qu’en pensez-vous ?
